Pour Monique Chapman, représenter la jeunesse à la COP27 allait de soi.
« C’est l’occasion de montrer au reste du monde ce que nous faisons pour lutter contre le changement climatique et de prouver que nous sommes, d’une certaine manière, des leaders en la matière. Certains disent que la COP27 est l’équivalent des Jeux olympiques ou des Oscars pour les militants écologistes, alors comment refuser d’y participer? », déclare-t-elle.
La COP27 est le sommet annuel de l’Organisation des Nations Unies sur le changement climatique. Les dirigeants du monde entier se réunissent pour évaluer les progrès réalisés en matière de lutte contre les changements climatiques et pour négocier des protocoles et des accords à ce sujet. Dans le cadre de la délégation canadienne, le GTNO envoie plusieurs délégués pour représenter les TNO, dont deux jeunes.
« Toute notre vie, nous avons entendu les générations plus âgées parler de l’importance de sauver l’environnement, de la réalité du changement climatique et du fait que nous devons faire quelque chose pour protéger les générations futures. Il y a eu beaucoup de beaux discours, et nous aimerions maintenant contribuer au passage à l’action, explique Mlle Chapman. Les anciennes générations nous ont dit qu’elles agiraient pour protéger les générations futures. Nous faisons partie de cette génération — nous serons assis à cette table à leurs côtés, pour leur demander de nous prouver qu’elles vont faire quelque chose pour nous protéger, nous et notre planète. »
Membre de la Première Nation Denesuline de Fond du lac, Mlle Chapman est née et a grandi à Yellowknife. Elle possède un diplôme en biologie marine de l’Université Dalhousie. « Je suis fière de représenter les Territoires du Nord-Ouest en tant que femme ténoise autochtone dans le secteur des STIM », dit-elle.
Cette dernière a déjà participé au Sommet Jeunesse du Canada et au sommet pour les jeunes de l’ONU en 2019, mais elle est fébrile à l’idée de participer à la COP27, car cette conférence attire plus de monde et plus d’attention, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
« Pendant ces sommets, j’ai trouvé ça formidable de pouvoir échanger des idées sur la façon dont le monde devrait faire face au changement climatique et de partager nos préoccupations, mais l’élan semblait s’arrêter une fois les conférences terminées. J’espère que la COP27 sera différente et que nous nous encouragerons mutuellement à adopter des mesures d’adaptation et d’atténuation. J’espère avoir l’occasion de voir comment une idée émise lors d’une conférence comme celle-ci peut être l’étincelle dont nous avons besoin pour opérer des changements majeurs sur le territoire. »
Pour Mlle Chapman, il est important que le Canada, en tant que pays du G7 et du G20, participe à la conférence, mais il est tout aussi important que le Nord ait sa place à la table de discussion.
« Personne ne connaît les répercussions du changement climatique ou la façon dont nous luttons contre ce dernier mieux que nous, dit-elle. Dans certaines provinces, ces répercussions sont moins visibles, et il faut un graphique ou des chiffres pour se rendre compte des changements qui se produisent. Dans le Nord, en revanche, il suffit de regarder dehors ou d’écouter les histoires de nos voisins. En humanisant ces répercussions, en les associant à un visage et à un nom, j’espère que cela incitera les participants à la COP27 à agir davantage pour répondre au changement climatique. »
Mlle Chapman se sent directement touchée par le changement climatique; elle s’inquiète des retombées de cette crise non seulement pour le monde, mais aussi pour son territoire.
« J’ai peur que tout ce qui fait que je me sens chez moi aux TNO — les magnifiques lacs, les vastes forêts, l’abondance de la faune, la cueillette des baies, les hivers au coin du feu et les étés où il ne fait pas trop chaud — disparaisse à mesure que le changement climatique modifie le Nord. C’est alarmant de pouvoir déjà constater les changements qui ont eu lieu au cours des 26 années que j’ai passées ici, des changements migratoires de la faune à des étés plus chauds, en passant par la disparition progressive des baies », explique-t-elle.
C’est aussi pour cela qu’elle est si fière de représenter non seulement les jeunes Ténois, mais aussi la population autochtone.
« Les connaissances traditionnelles des Autochtones sur les changements de notre environnement et sur les manières de le protéger sont inestimables. Le changement climatique a des répercussions considérables sur nos terres, qui sont protégées par les Autochtones depuis des milliers d’années. Il est par conséquent très important de s’assurer que les voix autochtones se font entendre lors de ces discussions, dit-elle. Plus de 50 % de la population ténoise est autochtone. Il est important de le reconnaître, et il est bon de voir que cela se reflète dans la délégation. »
Mais en fin de compte, elle espère que la COP27 aboutira à plus qu’une simple conversation.
« Bien que minces, mes espoirs sont simples : je veux assister à l’adoption de mesures concrètes, pas à d’autres discours ou à de nouveaux reproches. »